Principales méthodes d’intervention utilisées par les pairs-aidants
1. L’entretien individuel : la co-construction du récit et de l’espoir
L’entretien individuel est souvent le socle du travail du pair-aidant. À travers l’écoute active, la reformulation et le partage de fragments de son propre parcours, le pair-aidant aide la personne à (re)construire une histoire de rétablissement où l’espoir a sa place. Ce n’est pas seulement “raconter sa vie” : il s’agit de susciter une réflexion, d’aider l’autre à mettre en mot son vécu et à repérer ses propres ressources.
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Les outils : la balance décisionnelle (inspirée de la thérapie motivationnelle), l’auto-questionnement, des “boîtes à outils” d’identification des forces personnelles, la grille de l’Empowerment.
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Chiffre clé : Selon une étude du Centre Hospitalier Sainte-Anne (2021), 87 % des bénéficiaires d’entretiens pairs estiment que cela a directement contribué à leur sentiment d’espoir.
2. Le groupe de parole et d’entraide : décloisonner les vécus
Les groupes (ateliers, espaces de parole) sont un terrain fort pour les pairs-aidants. Leur animation se base sur des règles collectivement décidées, accordant une égale valeur à chaque voix. Les pairs-aidants mobilisent ici des techniques d’animation participative, inspirées parfois de l’éducation populaire (World Café, cercles de dialogue, jeux de rôle), mais aussi d’outils plus spécifiques à la santé mentale comme les groupes WRAP® (Wellness Recovery Action Plan).
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Les bienfaits : partage des stratégies de survie, réduction du sentiment d’isolement, apprentissage entre pairs, validation du vécu.
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Statistique pertinente : une synthèse de l’Association canadienne pour la santé mentale montre que la participation régulière à des groupes pair-à-pair réduit de 32 % le taux de rechute à un an.
3. L’accompagnement dans la vie quotidienne : vers la citoyenneté
Le soutien des pairs se déploie souvent là où le soin s’arrête : recherche de logement, démarches administratives, insertion professionnelle ou loisirs. Ici, le pair-aidant se fait “passeur”, il aide à s’orienter vers des dispositifs, accompagne dans la prise de décision, co-réalise voire facilite certaines démarches avec la personne concernée.
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Exemple concret : Les dispositifs “Un chez soi d’abord” s’appuient sur des équipes intégrant des pairs-aidants ; depuis 2017, 26 % d’accès au logement ordinaire de plus ont été constatés parmi les bénéficiaires (Rapport du ministère de la Santé, 2019).
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Attention particulière : garder la juste distance, ne pas faire “à la place de”, protéger la responsabilité de chacun.
4. L’appui à la participation citoyenne et à la pairémulation
Certains pairs-aidants contribuent à l’élaboration de projets collectifs, à la représentation des usagers ou à la lutte contre la stigmatisation (sensibilisation, formations, conseil à des comités d’usagers). Cette facette “militante” s’ancre dans l’histoire même de la pair-aidance, née en partie de mouvements d’auto-support dans les années 1970-80.
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Méthodes : médiation, animation de débats publics, création de brochures, interventions en milieu scolaire ou professionnel.
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Impact observé : selon l’OMS, l’implication de pairs dans ces actions favorise l’engagement durable dans la société : 68 % des pairs investis rapportent une reprise d’activité associative ou professionnelle dans l’année qui suit (OMS Europe, 2021).