Panorama des modèles d’accompagnement axés sur l’autonomie
1. La pair-aidance : l’expertise de l’expérience, un levier d’autodétermination
La pair-aidance s’est imposée dans de nombreux établissements comme un modèle innovant, permettant aux personnes ayant vécu elles-mêmes des troubles psychiques d’accompagner d’autres usagers. Le rapport de l’IGAS de 2022 indique que 81 % des participants à des programmes de pair-aidance se sont sentis renforcés dans leur capacité à prendre des décisions concernant leurs parcours de soins (IGAS, 2022).
- Les clés du modèle :
- Partage du vécu et entraide horizontale
- Valorisation des compétences hors du seul registre médical
- Représentation positive du rétablissement
- Exemple : Les GEMs (Groupes d’Entraide Mutuelle) présents en Rhône-Alpes créent des lieux où les personnes gèrent ensemble les activités, discutent de leur projet, et développent des compétences collectives tout en sortant de l’isolement.
2. L’approche centrée sur la personne et le Projet de Soin Personnalisé
Le modèle du care participatif, inspiré par les travaux de Carl Rogers et consolidé dans de nombreux guides de bonnes pratiques (HAS, 2023), fait du patient un acteur du projet d’accompagnement.
- Écoute active : Prendre en compte le point de vue, les choix et l’histoire de vie, et s’appuyer sur ces éléments pour ajuster le soutien proposé.
- Co-construction : Élaborer, avec la personne suivie et éventuellement ses proches, des objectifs concrets, précis, évolutifs.
- Réévaluation régulière : Adapter le projet en fonction des avancées et des difficultés émergentes.
Selon la HAS, ce type d’accompagnement améliore de près de 30 % la satisfaction des personnes concernées et réduit significativement le taux de ruptures de suivi (HAS, Guide patient, 2023).
3. Les modèles orientés rétablissement (Approche Recovery)
Le courant du rétablissement, ou « Recovery », né dans les pays anglo-saxons, s’est imposé comme une référence majeure : « le rétablissement est un chemin personnel, unique, qui ne signifie pas l’absence de symptômes, mais la reconquête d’une vie pleine de sens, malgré les troubles » (Santé Publique France).
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Piliers :
- Espoir, identité, sens, et responsabilisation
- Accompagnement multidisciplinaire : soignant, pair-aidant, psychologue, travailleur social, proches
- Respect du rythme et des priorités de la personne
Un travail de synthèse montre que les dispositifs inspirés du modèle Recovery favorisent la reprise d’activité professionnelle ou associative dans 40 à 65% des cas, là où les modèles traditionnels tournés vers la prise en charge atteignent à peine 30% (The Lancet Psychiatry, 2016).
4. Les modèles communautaires et d’inclusion sociale
Être autonome, c’est exister dans la cité, reconquérir des droits sociaux, lutter contre l’isolement. Les modèles communautaires parient sur l’intégration, le lien social, les partenariats avec les acteurs du droit commun (associations, centres sociaux, etc.).
- Pratiques concrètes :
- Participation à la vie associative locale : ateliers, bénévolat, cuisines collectives
- Interventions de travailleurs pairs dans les missions locales ou foyers jeunes travailleurs
Une étude menée en Rhône-Alpes indique que 52 % des personnes ayant recours à un accompagnement social communautaire se sentent capables de réclamer seuls une prestation administrative, contre 24 % sans ce soutien spécifique (Source : ORS Auvergne Rhône-Alpes, 2022).