Les grands bénéfices observés chez les personnes accompagnées
1. Rétablissement : plus rapide, plus ancré, plus durable ?
De nombreux programmes, dont l’étude Peer Support and Recovery menée au Royaume-Uni (Mental Health Foundation, 2022), montrent que la pair-aidance renforce l’engagement dans le processus de rétablissement. Les personnes accompagnées déclarent :
- Une accélération du sentiment d’avancer vers leurs propres objectifs de vie
- Moins d’hospitalisations et de rechutes signalées à un an (près de -20 % dans les groupes « pair-aidés » selon la Public Health Agency of Canada, 2019)
- Une sortie plus rapide des épisodes aigus (moyenne réduite de 30 % sur certaines cohortes, cf. étude Chinman et al, 2014)
En France, les retours du programme « PAIR-AIDANCE 69 » piloté par l’UNAFAM et le centre hospitalier du Vinatier à Bron confirment cet apport : à six mois, plus de 2 personnes sur 3 témoignent d’un « changement positif concret dans au moins un domaine majeur de leur vie ».
2. Renforcement de l’estime de soi et du pouvoir d’agir
Le sentiment d’être écouté par « quelqu’un qui sait vraiment ce que c’est » casse la spirale du doute et du découragement. Dans le rapport 2021 du Centre national de ressources et d’appui aux personnes pair-aidantes (CN2R), 72 % des accompagnés parlent d’une progression de leur confiance en soi et en leurs capacités. Quelques points saillants :
- Le partage d’expérience « désamorce la honte » (termes utilisés dans plus de 60 % des questionnaires « pairs-aidés » du Centre Ressource Pair-aidance Auvergne-Rhône-Alpes, 2022)
- Les usagers osent davantage défendre leurs besoins devant les professionnels (multiplication par 2,3 des démarches personnelles selon avis recueillis dans le dispositif Oxygem, Grenoble, 2021)
- Baisse de l’auto-stigmatisation et du sentiment d’ « incompétence » ou d’échec, validée par la grille Recovery Star (Recovery Star)
3. Diminution de l’isolement social et amélioration du lien aux autres
La santé mentale est souvent marquée par la solitude, le repli. Là, la pair-aidance tisse du lien là où il n’existait plus. Selon l’évaluation du programme « Ensemble vers le Rétablissement » à Lyon, 87 % des personnes accompagnées par un pair-aidant disent avoir, grâce à ce lien, renoué ou renforcé des relations amicales ou familiales. D’autres données significatives :
- Groupes de parole animés par des pairs : augmentation de la participation versus groupes classiques (+38 % à l’ADAPEI 42, 2020).
- Moins de sentiment d’abandon : 62 % estiment qu’ils se sentent moins seuls pour affronter les difficultés (Etude Pairs Aidants Bretagne, 2019).
C’est un bénéfice souvent avancé dès les premiers échanges : « Je n’avais plus parlé de moi sans crainte de jugement depuis des années », rapporte un bénéficiaire.
4. Atténuation de la stigmatisation et du sentiment d’exclusion
Le stigma lié aux troubles psychiques reste massif en France. Être accompagné par une personne qui visibilise un parcours de rétablissement permet de « changer de regard sur soi ». Le rapport de l’IGAS sur la pair-aidance mentionne que 70 % des personnes accompagnées ressentent un allègement du poids de la stigmatisation :
- Moins de gêne à parler de leur souffrance à leur entourage ou au travail
- Sensibilisation accrue à la notion de droits des usagers
- Plus grande facilité à aborder le sujet lors des prises en charge médicales
Une dimension symbolique forte : la pair-aidance déconstruit l’image du « malade », elle renvoie à une identité complexe et digne, ce qui a un impact durable sur l’autoperception.