Une intégration progressive dans les dispositifs de formation
Aujourd’hui, la France compte environ 550 pair-aidants certifiés ou en poste (Chiffres CCOMS, 2023). Le mouvement de professionnalisation s’est accéléré depuis 2012, avec la création des Diplômes Universitaires (DU) dédiés à la pair-aidance : DU « Pair-aidance en santé mentale » à Lyon-I, Lille, Paris, Clermont-Ferrand, etc.
Dans ces parcours, la valorisation des savoirs expérientiels intervient à plusieurs niveaux :
- Sélection et recrutement : L’entrée en formation se fait généralement sur dossier et entretien. L’accent est mis sur la capacité à parler de son expérience, à l’analyser, à en tirer des points d’appui — et non sur le diplôme scolaire ou les stages passés (source : Dossier de candidature DU Pair-aidance Lyon-I).
- Groupes d’analyse de pratiques : La pédagogie repose beaucoup sur des ateliers collaboratifs où chacun raconte un parcours, met en mot des difficultés, échange sur ce qui aide ou bloque.
- Double tutorat : Plusieurs dispositifs associent un tuteur pair et un tuteur professionnel, pour garantir que l’expérience vécue soit mobilisée, tout en la plaçant en sécurité vis-à-vis des risques d’épuisement ou de confusion de rôle.
Un exemple de valorisation concrète : l’auto-narration
La plupart des formations demandent aux futurs pair-aidants de rédiger un récit réflexif de leur parcours. Cette « auto-narration » permet de repérer :
- les étapes du rétablissement,
- les facteurs déclencheurs de changements,
- les stratégies personnelles qui ont fonctionné ou non,
- les moments-charnières : rencontres, essais, rechutes, espoirs.
Ce travail, individuel puis partagé en groupe, s’inscrit dans une démarche d’appropriation et de transformation : il ne s’agit pas d’exposer sa vie privée, mais d’en dégager des ressources transférables, des « petites victoires » et des outils de soutien pour d’autres.