Quels contextes pour la pair-aidance ?
1. Les établissements de santé et médico-sociaux
C’est le terrain du développement historique de la pair-aidance en France. Hôpitaux psychiatriques, Centres Médico-Psychologiques (CMP), structures d’accueil de jour, foyers de vie, Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT)… accueillent désormais des pairs-aidants, parfois intégrés aux équipes, parfois en parallèle. Ils interviennent dans plusieurs champs :
- Accompagnement individuel : soutien lors des entretiens médicaux, appui à la préparation de projets de vie, identification des ressources existantes.
- Animation de groupes de parole ou d’ateliers d’éducation thérapeutique : partage d’expérience et soutien collectif.
- Participation à la formation des professionnels ou à l’élaboration des projets d’établissement.
Selon le rapport Laforcade (2016), la présence de pairs-aidants améliore notamment l’alliance thérapeutique, diminue les rechutes et favorise le retour à domicile.
2. L’accompagnement dans la cité : pair-aidance associative et informelle
Hors établissements, la pair-aidance associative occupe une place majeure. Des associations comme Santé Mentale France, ARGOS 2001, GEM (Groupes d’Entraide Mutuelle), catalysent l’entraide hors du strict secteur médical. Ces lieux incarnent la volonté de « déprofessionnaliser » une partie de la relation d’aide, en lui rendant un cadre horizontal, parfois autogéré.
- Soutien moral au quotidien : présence bienveillante, espaces d’écoute, aide aux démarches administratives ou sociales.
- Soutien à l’engagement citoyen : accompagnement dans les projets socio-professionnels ou associatifs, participation à la lutte contre la stigmatisation.
Près de 600 GEM sont recensés en France (source : CNSA, 2023), regroupant plus de 25 000 adhérents. Leur existence montre que la pair-aidance informelle remplit un besoin non couvert par les dispositifs institutionnels.
3. Pair-aidance en milieu scolaire et universitaire
Si la thématique demeure encore trop peu explorée, quelques expérimentations voient le jour pour soutenir la santé mentale des jeunes. Des associations étudiantes et quelques universités (comme l’Université Lyon 1 ou l’Université de Lille) initient des programmes où des étudiants passés par la dépression ou le burnout accompagnent leurs pairs, via groupes de parole, mentoring et dispositifs de veille.
- Création de réseaux d’écoute sur les campus ;
- Formation à la prévention de la détresse psychique ;
- Ponts vers les structures d’aide plus spécialisées.
Selon l’enquête Santé mentale & Vie étudiante 2022 (MENESR), plus d’un étudiant sur cinq se dit en détresse psychique, et 40% déclarent ne pas identifier clairement où trouver du soutien psychologique. La pair-aidance pourrait jouer ici le rôle de passerelle, précoce et accessible.
4. Pair-aidance au travail et dans l’insertion
L’accompagnement par les pairs entre petit à petit dans le monde du travail : entreprises adaptées, associations de retour à l’emploi, mais aussi collectifs d’usagers (CRESS Auvergne-Rhône-Alpes, Clubhouse France…). Le pair-aidant facilite le lien entre employé et employeur, lutte contre la désinsertion professionnelle, témoigne que le parcours de rétablissement est compatible avec la vie active.
- Appui à la prise de poste ;
- Gestion du retour après un arrêt maladie ;
- Prévention du burn-out et sensibilisation aux risques psychosociaux.
Un rapport de l’UNAFAM (2022) souligne que 25% des personnes concernées par un handicap psychique ont perdu leur emploi faute de soutien adapté après un épisode de trouble.